Fils d’un fonctionnaire, Jean Coulazou, ancien du lycée de Carcassonne et de la faculté de Montpellier, docteur en droit, s’inscrivit au barreau de cette ville en 1889. Il se fit rapidement connaître comme spécialiste de la défense des causes sociales et religieuses. Membre du tiers-ordre franciscain, il poursuivit avec ténacité ses activités militantes, commencées dans sa jeunesse au sein des Conférences de Saint-Vincent de Paul. Il devint ainsi, parmi les laïcs, le propagandiste le plus en vue du courant démocrate chrétien dans l’Hérault et du catholicisme social dans le Midi de la France.
Il appuya les grèves qu’il estimait justes, comme celle des employés du gaz à Béziers (1892) et des mineurs de Graissessac (1894). Fondateur en 1894 d’un secrétariat du peuple, à l’instigation de l’Oeuvre des cercles catholiques d’ouvriers, animateur de la Conférence Pie IX, consacrée surtout aux questions sociales chez les étudiants, promoteur enfin d’organisations mutualistes, Coulazou a participé après I891, à l’appel de Léon Harmel, au lancement des cercles d’études sociales, où les
ouvriers, qui en étaient les seuls membres, devaient jouir d’une autonomie absolue en matière sociale, conformément au principe des "syndicats séparés." Sur le terrain politique, Coulazou, rallié à la République, appuya les tentatives de regroupement des démocrates chrétiens. Favorable en 1893 à l’Union nationale de l’abbé Garnier, il fut le compagnon de lutte de l’ « abbé démocrate » Fourié, initiateur local de la campagne du comité Justice-Égalité pour l’obtention des mêmes secours aux élèves indigents des écoles privées et des écoles publiques. Celle-ci, en 1896, amena l’élection, annulée l’année suivante, de neuf catholiques et de vingt-deux républicains favorables à cette revendication au conseil municipal de Montpellier. Ce succès eut un retentissement national dans les milieux catholiques. En 1897, le journal La France libre organisa le deuxième congrès de la Démocratie chrétienne à Lyon. Coulazou fut alors nommé membre de l’éphémère conseil national de la Démocratie chrétienne au titre du « groupe intellectuel », en même temps que Léon Harmel, l’abbé Lemire et d’autres, dont quelques ouvriers.
Coulazou mit aussi en place l’Institut populaire de Montpellier, proche du Sillon. Fait chevalier de l’Ordre de Saint-Grégoire le Grand par le Saint-Siège, mais en butte à l’hostilité de nombreux clercs et plus encore d’hommes d’oeuvres, restés monarchistes, il publia des brochures et de nombreux articles sur l’encyclique Rerum novarum, en particulier dans La Croix méridionale, supplément — fondé en 1891 — de La Croix de Paris ; dans La Sociologie catholique, revue mensuelle qui paraissaità Montpellier depuis 1892 et dont il devint le directeur en 1896, et dans la Revue d’études sociales. Il a collaboré à d’autres publications : La Vie catholique de l’abbé Pierre Dabry, La Justice sociale, LaFrance libre, Le Réveil républicain, la Chronique du Sud-Est. On lui doit une étude sur LaConciliation et l’arbitrage.
SOURCES : Pierre Coste, « Notes sur la vie et l’oeuvre de Jean Coulazou », La Sociologie catholique, juillet-août 1903. — La Vie et la mort dans un foyer chrétien, Jean et Claire Coulazou, 1931. —Dictionnaire de biographie française, IX, 1961 (R. Limouzin-Lamothe). — Pierre Dabry, LesCatholiques républicains, Paris, Chevalier et Rivière, 1905. — Robert Cornilleau, De Waldeck-Rousseau à Poincaré, Paris, Spes, 1927. — Gérard Cholvy, Géographie religieuse de l’Héraultcontemporain, Paris, PUF, 1968 ; « Les Catholiques de l’Hérault et la question sociale »,Christianisme et monde ouvrier, Paris, Editions ouvrières, 1975.
André CAUDRON